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RivianTrip — Carnet de voyage

Chambly

Par une chaude journée de juillet, nous sommes partis de Granby en matinée, avec Clément, les fenêtres entrouvertes pour laisser entrer un peu d’air frais avant que la chaleur s’installe pour de bon.
La route vers Chambly est agréable, bordée de champs ouverts, de petites forêts, et ponctuée de villages paisibles.
L’autoroute 10 défilait sous nos roues, puis nous avons bifurqué vers la route 112 en direction de Chambly, en longeant des silos, des fermes anciennes, des rangs bordés d’érables donnant au paysage une atmosphère à la fois tranquille et typiquement québécoise.
C’est une route simple, mais pleine de charme, comme une transition tranquille entre le quotidien et une petite escapade dans le passé.

Les maisons historiques

Arrivés à Chambly, la journée a commencé par une marche, en explorant l'avenue Richelieu qui longe la rivière. Certaines de ces maisons centenaires sont construites en pierre grise, d’autres en bois peint, avec des toits mansardés, des lucarnes, et des galeries couvertes et leurs volets colorés, qui semblaient nous accueillir comme des témoins silencieux d’un autre temps.
Certaines remontent au XVIIIe siècle, d'autres aux premières années du XIXe ; toutes portent en elles un fragment de l'histoire locale. En arpentant ces rues, on perçoit le poids du passé, mêlé à une élégante quiétude, une atmosphère figée, comme si ces maisons s’obstinaient à défier le temps.

Clément, fidèle à sa curiosité, s’arrêtait régulièrement pour lire les plaques historiques accrochées aux façades. Beaucoup de ces demeures appartenaient autrefois à des marchands, des notables, à des familles influentes, ou à des figures religieuses de l’époque coloniale.
On devine l’époque où Chambly était un point de passage stratégique sur la rivière Richelieu, entre Montréal et les États-Unis.

C’était comme marcher dans une carte postale du Bas-Canada.

Le fort de Chambly

Puis, nous avons poursuivi vers le Fort de Chambly, une forteresse de pierre massive qui domine les eaux de la rivière, imposant, sobre, planté au bord de la rivière, comme un rappel de l’histoire militaire du pays.
Ce fort, construit initialement en bois en 1665 par les troupes du Régiment de Carignan-Salières, fut reconstruit en pierre au début du XVIIIe siècle.
Dès l’entrée, on sent le poids de l’histoire. Les murs épais, les meurtrières, les canons pointant vers la rivière — tout évoque une époque de conflits, de stratégie militaire et de défense contre les Iroquois, puis plus tard contre les Britanniques.

À l’intérieur, les expositions étaient intéressantes : uniformes français, objets du quotidien des soldats, cartes anciennes, maquettes du fort à différentes époques. Ce n’était pas lourd, ni trop didactique, mais vivant, accessible. On sentait la vie dure mais organisée des garnisons d’autrefois. Il est facile d'imaginer les tambours résonner entre les murs de la cour intérieure, les ordres criés dans la cour, les soldats scrutant la rivière attendant l’inconnu, la routine militaire rythmant les jours laissant derrière elle une mémoire presque palpable.

La Marina

Après cette visite culturelle, nous avons marché en direction de la marina. Là, l’ambiance change : après la pierre froide et la rigueur militaire, place à la lumière sur l’eau, au vent léger, aux voiliers, paisiblement amarrés, qui tanguent doucement.
Les mâts tintaient dans la brise et le va-et-vient des promeneurs sur le quai cherchant un peu de fraîchaeur, donne un air vivant à cette portion de la ville.
La marina de Chambly, bien qu’elle paraisse aujourd’hui un lieu de détente, a longtemps eu un rôle plus fonctionnel. Autrefois, le bassin de Chambly, aujourd'hui paisible, était un point névralgique du commerce fluvial.
Avec la construction du canal de Chambly au début du XIXe siècle, les bateaux pouvaient contourner les rapides de la rivière et poursuivre leur route vers le sud, jusqu’à New York.
C’était un lien commercial majeur.

Nous avons trouvé un petit restaurant au bord de l’eau, une terrasse simple mais accueillante, avec une vue directe sur les embarcations et les reflets du ciel dans la rivière.
Le repas, sans être sophistiqué, était bon et généreux. Ce genre d’endroit où l’on prend le temps de respirer, de discuter, de laisser passer les heures. Le clapotis de l’eau, le bruissement des feuilles et les voix douces des autres clients formaient une bande-son paisible.

Promenade dans la ville

L’après-midi, nous avons exploré le centre-ville, en passant par la place de l’Hôtel de Ville, portant les marques d’un riche passé.

Certaines maisons dans le périmètre de l’hôtel de ville de Chambly datent du début du XIXᵉ siècle, certaines même du siècle précédent, et chacune raconte un chapitre du passé local.
En se promenant autour de la mairie, on aperçoit l’hôtel de ville lui‑même, construit entre 1912 et 1916 selon les plans des architectes Alphonse Venne et Joseph‑Albert Karch. Le bâtiment a l’allure d’une villa bourgeoise d’antan, ses lignes sobres mais élégantes, ses fenêtres symétriques, sa façade qui s’harmonise avec l’environnement patrimonial environnant.

Face à lui, dans le rond‑point, trône une statue de granit réalisée par l’artiste montréalais Jacques Bénard, œuvre inaugurée en mai 2016. Elle représente un jeune couple enlacé, regard tourné vers le Fort‑Chambly. C’est un hommage aux bâtisseurs d’aujourd’hui et de demain — non pas un rappel de guerres, mais un regard vers l’avenir.

À quelques pas, on trouve la maison Boileau, érigée vers 1820. Ce bâtiment ancien, copie de la maison des Tremblay en Perche, porte les traits de l’architecture traditionnelle : matériaux locaux, proportions modestes mais soignées, fenêtres à petits carreaux, toit simple, un charme austère presque grave.

Entre ces bâtiments, dans les rues aux trottoirs parfois étroits, les façades de bois ou de pierre, les portes aux ferronneries sobres, les fenêtres aux moulures modérées, tout rappelle que le temps ne s’est pas pressé : les bâtiments ont été conçus pour durer. Le calme règne : pas de façades uniformes de béton, mais des textures variées — brique, pierre, bois —, des toitures inclinées, des toits en appentis ou mansardés, des lucarnes parfois, un porche ici ou là.

Mais le soleil ne cessait de monter, et la chaleur devint accablante. Il devait faire plus de 33 degrés, sans compter l’humidité. Même l’ombre semblait chaude. Alors, nous avons décidé de reprendre la route vers Granby.

Sur le chemin du retour, la lumière dorée de la fin d’après-midi enveloppait la campagne. Le ciel était d’un bleu profond, sans un nuage, et les vastes étendues de champs semblaient presque irréelles sous la chaleur vibrante. La voiture roulait tranquillement, la climatisation en marche, et nous restions silencieux, bercés par la route et les souvenirs de cette journée.

Ce trajet de Granby à Chambly m’a rappelé qu’un roadtrip n’est pas seulement une question de destination, mais surtout de moments vécus sur la route. Les sourires échangés, les paysages découverts et la liberté de s’arrêter quand bon nous semble : c’est ça, l’esprit RivianTrip.

#Chambly #Roadtrip #Rivian