Montebello
La route pour Montebello s’étendait à travers des collines douces, des forêts épaisses,
des étendues de champs, le long de la rivière des Outaouais qui brille comme un ruban
d’argent sous le ciel d’été.
À mesure que l’on approche, le paysage s’élargit : l’ombre
des grands pins, l’arôme des pins et des pins gris qui montent au nez, le chant des
oiseaux, le roulement de la route asphaltée se mêlant au léger vacarme des voitures qui
ralentissent à mesure qu’on approche du château.






Le Château Montebello
Quand enfin on aperçoit le Château Montebello, c’est un peu comme un rêve rustique : de
gigantesques troncs de bois ronds, qui donnent au bâtiment une texture chaleureuse,
imposante, presque archaïque, mais d’une beauté indéniable.
Le château date de 1930, construit dans un style chalet scandinave mais adapté au Québec,
avec ce grand foyer central de pierre à six faces dans le lobby, qui s’élève sur plusieurs
étages — ce foyer, massif, monumental, réchauffe l’espace, aussi bien physiquement que
visuellement.
En entrant, on se sent enveloppé d’un mélange de majesté et de simplicité : les poutres
de bois, les plafonds élevés, les galeries qui donnent sur le lobby, les grandes fenêtres
qui laissent filtrer la lumière chaude de l’après‑midi, les fauteuils confortables, les
tapis épais, la décoration rustique mais élégante, tout invite au calme.
Nous nous sommes arrêtés pour manger dans l’un des restaurants du Château, dehors une
terrasse qui domine la rivière, ou du moins avec vue sur les arbres massifs, l’eau qui
glisse au loin.
Le repas avait ce goût de vacances : simple, bon, un hamburger et des calamars frits,
accompagnés de frites, le tout arrosé d’une bière locale. Le bruit des conversations,
des chaises bougeant, du cliquetis des couverts, mais aussi le calme du bois, du vert,
du ciel bleu. Le soleil pesait fort à l'extérieur.






















Le Manoir Papineau
Après le repas, on s’est rendu au Manoir Papineau, un peu plus loin, surplombant la
rivière. Ce manoir date de 1848‑1850, résidence de Louis‑Joseph Papineau après son retour
d’exil, où il a voulu construire un domaine à sa mesure, mêlant ses goûts, son rang, ses
aspirations.
Le manoir est majestueux : 4 tours d’angle, des façades sculptées, une architecture
éclectique — des influences néo‑classiques, une véranda, des grandes fenêtres, et cette
harmonie entre le bâtiment et le paysage.
En montant les escaliers, on admire le soin apporté aux moulures, aux détails du bois,
aux balustrades, aux pièces qui ouvrent sur des perspectives lumineuses, sur la rivière,
sur les jardins.
Visite la chambre où vivait Papineau, les salons de réception, le salon de thé, la maison
du jardinier, le hangar à grains, tous restaurés avec leurs meubles ou objets d’époque.
On ressent combien la vie là‑bas était différente : l’attention portée au confort de
l’époque, la manière dont les pièces communiquent, les volumes, les fenêtres pour capter
la lumière, les cheminées nombreuses, peut‑être les poêles ou système de chauffage de
l’époque.
Le jardin paysager attire lui aussi le regard : pelouses soigneusement entretenues,
sentiers bordés d’arbustes, arbres matures, bosquets touffus et un petit ruisseau qui
serpente doucement entre les massifs. Partout, des dépendances discrètes ponctuent le
décor et renforcent cette impression que le temps, ici, a ralenti. Le manoir, quant à
lui, domine fièrement la rivière et le cap Bonsecours, offrant selon l’angle des
panoramas tantôt plongeants, tantôt paisibles.
Juste devant sa façade, un chêne rouge remarquable s’élève, véritable monument vivant.
Âgé d’environ 300 ans, il semble veiller en silence sur les générations Papineau, tel un
témoin immobile de leur histoire. Son tronc massif, large de 1,7 mètre, et sa cime
majestueuse atteignant près de 20 mètres, imposent le respect.
Classé arbre patrimonial, il est aujourd’hui protégé avec soin. Pour soutenir ses
vieilles branches, fragilisées par le temps, des appuis — de véritables béquilles de bois
et de métal — ont été installés, comme autant de gestes de respect envers cette présence
ancestrale.
À savoir qu'il est interdit de photographier l'intérieur de ce magnifique manoir qui
possède 80 % des objets et meubles originaux de l'époque.














Retour à la maison
Quand on sort, la chaleur nous rattrape : le soleil tape, les pierres du manoir sont
chaudes au toucher, l’air tremblote au‑dessus des gazon secs par endroits, l’ombre d’un
vieux chêne est précieuse. On boit de l’eau, on prend des pauses, on laisse le silence
durer, ponctué seulement par les insectes, le bruissement du vent dans les feuilles.
Ce jour‑là, Montebello nous a offert un contraste : le rustique grandiose du Château, le
raffinement historique du Manoir, le bruit doux de la rivière, la chaleur d’été écrasante
mais vivifiante, et une sensation constante d’être passés dans un monde ancien, préservé,
plein d’histoires — de batailles politiques, de seigneuries, de gens qui ont rêvé,
construit, aimé, régné sur leurs terres.